Lectio Face au vide

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Évangile selon saint Jean 20, 1-9

Le temps de la préparation
« La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. » (Ps 117, 22-23)

Le temps de l’observation
Le premier jour de la semaine, de grand matin, le tombeau est vide. Il est difficile de déduire quelque chose de ce fait si ce n’est constater qu’il y avait un corps et qu’il a disparu. Cette absence met en échec la raison. Il n’est ni logique ni normal que Jésus ait disparu du tombeau. Ce vide ne permet pas de conclure, d’affirmer quelque chose. Il n’est pas là pour cela. C’est une page blanche sur laquelle rien encore n’est écrit. Il n’y a donc pas d’injonction, de chose à faire, à croire ou à penser. Il n’y a rien à imposer à partir de cet espace vidé. Il n’y a pas d’obligations, de « il faut », de « on doit ».
Le corps de Jésus n’est plus là et la vue est dégagée. Devant cette absence de quelque chose, chacun est rendu libre d’être. C’est ce que fait le disciple sans nom. « Il vit, et il crut ». Que voit-il dans l’absence ? Que croit-il à partir de là ? Le texte se garde bien d’en dire davantage. 

Le temps de la méditation
On raconte que quand la Joconde a été volée, de nombreuses personnes sont venues contempler l’emplacement laissé vide. Que venaient-elles voir devant le tableau absent ? Le vide laissé par la perte n’est pas n’importe quelle absence. Le vide du tombeau, nous le rencontrons régulièrement dans notre propre vie. Nous constatons des vides que nous n’avions pas anticipés ou souhaités. Ces vides sont parfois incompréhensibles. Des personnes disparaissent de nos vies, des liens significatifs soudain ne sont plus là, ce à quoi nous nous sommes habitués, du jour au lendemain, n’existe plus. Que voyons-nous dans ces absences ? Au cœur de l’effet de surprise, le disciple sans-nom invite chaque disciple à habiter cette absence. À ne pas la craindre ou l’anticiper, mais à rester debout en sa présence et à poser un acte de foi. Croire face au vide n’est-ce pas le début de la résurrection, le premier regard à poser sur une réalité qui secrètement ouvre au monde futur ?

Le temps de la prière
« Oui, que le dise Israël : Éternel est son amour ! Que le dise la maison d’Aaron : Éternel est son amour ! Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur : Éternel est son amour ! » (Ps 117, 2-4) 

Marie-Laure Durand, bibliste

Éditorial d'avril 2025
Jean Grou

Depuis une trentaine d’années, je fais partie d’une association de spécialistes de la Bible. Périodiquement, en assemblée générale ou lors de discussion au sein de l’exécutif, on s’interroge sur la…