5e dimanche du temps ordinaire - Couleur liturgique: vert
Livre d’Isaïe 6, 1-2a.3-8
Le temps de la préparation « Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche. » (Ps 32, 6) Le temps de l’observation Dans un moment de clarté et de lucidité, le prophète visualise une rencontre avec Dieu. La scène est impressionnante. Face à la présence de Dieu, Isaïe prend conscience de sa fragilité et de ce qui lui manque. Dans ce regard sur lui-même, il reconnaît que ses lèvres, comme celles de ses contemporains, sont impures. Il y a donc une dimension à la fois personnelle et collective dans ce retour à soi : Isaïe fait partie d’une époque et d’une société. Dans la Bible, la notion de pur et d’impur renvoie à une représentation symbolique du monde, où des éléments sont identifiés comme conduisant à la vie alors que d’autres mènent à la mort. Ce qui est impur, comme le sang ou les corps morts, peut contaminer le reste de l’existence en lui faisant perdre son sens. Avoir les lèvres impures signifie que l’usage de la parole n’a pas été au service de la vie et de son sens mais, qu’au contraire, elle a servi à la dévaloriser. Le temps de la méditation Parler, dire, appeler, ordonner, enseigner, instruire, conseiller, réprimander, accuser, jurer, bénir, maudire, chanter, glorifier, louer, confesser, prier, crier, se lamenter, murmurer, mentir, calomnier, confier, etc. La parole fait partie de nos vies, elle est au cœur de beaucoup de nos actes. Elle accompagne et donne sa consistance à la plupart de nos relations. Isaïe nous interroge. Au service de quoi utilisons-nous notre parole ? Aide-t-elle à donner du sens à la vie ou contribue-t-elle à en enlever, à l’amoindrir, à l’affadir ? Le cynisme, le désespoir, les petits dénigrements sont par exemple autant de coups de canifs portés au sens. L’usage de la parole est un levier puissant et redoutable. En reconnaissant le caractère inadéquat de sa parole, Isaïe est remis debout et prend la responsabilité de sa vocation prophétique. Il est désormais prêt à accomplir sa vie et à marcher sur le chemin qui est le sien. Le temps de la prière « Le Seigneur fait tout pour moi ! Seigneur, éternel est ton amour : n’arrête pas l’œuvre de tes mains. » (Ps 137, 8)
Marie-Laure Durand, bibliste
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