Commentaire Le temps d’aimer

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«Aimez-vous les uns les autres. » Ces paroles nous sont si familières que nous ne les questionnons plus. Mais sommes-nous si sûrs d’être capables d’aimer comme Jésus nous y invite ? Dans le texte de ce jour, l’appel à aimer survient juste après l’annonce de la trahison de Judas ; le rapprochement entre le récit de la trahison et les paroles de Jésus défait nos certitudes. Regardons Judas : sa collaboration tragique à l’histoire de Jésus montre qu’il n’a pas été en mesure d’aimer suffisamment pour surmonter ce qui l’a finalement conduit à trahir son ami. L’amour qu’il a reçu de Jésus même n’a pas suffi à susciter chez lui ce sentiment en retour. Ce jour-là, pour Judas, aimer est devenu ­impossible. Si, après le départ de Judas, Jésus se met à ­parler d’amour à ses amis ne serait-ce pas parce qu’il perçoit en eux autant de failles et de faiblesses qu’en Judas ? Ne réalise-t-il pas alors combien aimer est difficile pour nous ? Découvrant qu’à tout moment un ami peut se retourner contre un ami pour le livrer à la mort, Jésus lègue ce simple message : ce n’est qu’à l’amour dont nous ferons preuve que nous serons reconnus comme ses disciples. Pas à nos discours ni à nos valeurs, mais juste à notre amour pour les autres sans présager de l’identité de ces derniers. Tout « autre » mérite d’être aimé, même un Judas.

Quelles peurs en moi pourraient m’amener à refuser le message du Christ, à le « trahir » ?
Qui voudrais-je aimer mieux en ce moment, dans ma communauté, en famille, au travail, ou ailleurs ? 

Marie-Caroline Bustarret, théologienne, enseignante aux facultés Loyola Paris

Éditorial d'avril 2025
Jean Grou

Depuis une trentaine d’années, je fais partie d’une association de spécialistes de la Bible. Périodiquement, en assemblée générale ou lors de discussion au sein de l’exécutif, on s’interroge sur la…