6e dimanche du temps ordinaire - Couleur liturgique: vert
Les notions de « clos » et d’« ouvert » chez Henri Bergson peuvent aider à comprendre ce qui se passe dans l’évangile des Béatitudes. Le clos, c’est la force des habitudes qui nous enferment, nous sclérosent en nous refermant sur notre passé. L’ouvert, au contraire, c’est l’avenir qui s’ouvre à nous, même quand tout va mal. L’univers du clos, symbolisé par « Quel malheur », est celui des repus, des satisfaits et des contents d’eux-mêmes. En ce moment alors, tout est déjà acquis, fermé. Il n’y a plus d’avenir, plus rien qui puisse venir, advenir. L’ouvert correspondrait aux quatre béatitudes déclinées en « Heureux ». Ici, on discerne un avenir pour les pauvres, les affamés, les « dos courbés », les petits et les humbles. La faim devient un lieu d’ouverture, d’attente, d’espérance. Les moments où les pleurs envahissent la vie, où on se sent haï, exclu, insulté, méprisé et bafoué, s’ouvrent sur la joie. La différence entre le clos et l’ouvert, entre le « Heureux » et le « Quel malheur », donne à réfléchir. Finalement, bonheur et malheur, ouverture et clôture sont des temps et des passages à traverser, en disciples, pour devenir des héritiers du royaume de Dieu. En désignant le faible, le pauvre et l’opprimé comme les bénéficiaires du Royaume, les Béatitudes ne justifient pas la souffrance et le malheur. Elles nous sortent de notre trop grand « plein de nous-mêmes » pour nous remplir de ce qui nous manque vraiment : le bonheur du royaume de Dieu. De quoi devrais-je me dépouiller pour être pauvre selon l’évangile ? Y a-t-il autour de moi des personnes rejetées, méprisées au nom de leur foi ? Que faire pour les soutenir ?
Jean-Paul Sagadou, prêtre assomptionniste, rédacteur en chef de Prions en Église Afrique
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