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Éditorial du mois

Éditorial d’octobre 2024

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Éditorial

OCTOBRE 2024

Une cathédrale dans la tête

Pendant longtemps, je me suis senti peu concerné par cette désignation d’octobre comme mois «missionnaire». Les missions, elles se déroulaient bien loin de chez moi… Quoiqu’à y regarder de plus près, le Canada, où la présence chrétienne s’effritait rapidement, ressemblait de plus en plus à une terre de mission au sens traditionnel du terme !

Mais j’ai mieux compris la portée du mois missionnaire lorsqu’il est devenu de mode, dans l’Église, d’insister, avec justesse, sur le fait que chacun et chacune de nous, comme disciples du Christ, sommes des missionnaires. Être chrétien ou chrétienne, c’est être envoyé dans le monde pour témoigner de Jésus ressuscité.

Il est désormais clair pour beaucoup d’entre nous que notre vie spirituelle doit s’alimenter à cette conviction d’être en mission, de participer à celle du Christ. Si ce n’est pas le cas, la foi devient rapidement une affaire privée et de peu d’envergure, incapable de nous rendre résilients et d’espérer contre toute espérance.

Ce qui est vrai de notre vie en Dieu l’est également de notre vie tout court. Dans une entrevue donnée il y a plusieurs années, l’auteur et psychologue Boris Cyrulnik utilisait cette expression pour souligner l’importance capitale, pour la santé psychique, de toujours concevoir des projets: «Avoir une cathédrale en construction dans la tête.»

Pour faire face aux difficultés, nous devons pouvoir nous raccrocher à des vues qui maintiennent l’avenir ouvert: «C’est très dur en ce moment, j’ai beaucoup perdu de ce qui me tenait à cœur; mais heureusement, je peux continuer d’accomplir des choses qui donnent un sens à ma vie.» Rien de plus fragile qu’une personne profondément désœuvrée, sans projet ni perspectives. Rien de plus triste qu’un être qui démissionne de sa propre vie.

Lorsque nous annonçons la Bonne Nouvelle, soyons conscients que celle-ci répond précisément à cette vulnérabilité qui nous guette: le sentiment d’exister «pour rien». Pour plusieurs de nos contemporains, l’idée d’être «sauvé» semble bizarre, ésotérique. C’est à nous de leur rendre limpide l’idée que le salut dont il est question concerne ce besoin vital que nous éprouvons de faire partie d’un chantier qui nous dépasse.

Bref, être missionnaire aujourd’hui a peu à voir avec le fait de s’envoler vers des contrées lointaines pour faire résonner le nom de Jésus. Il suffit d’avoir une cathédrale en construction dans la tête: l’Église, la Jérusalem céleste. D’y consacrer nos efforts par l’intermédiaire de nos plus petits projets personnels. Puis d’y inviter nos prochains qui cherchent une façon de donner le meilleur d’eux-mêmes.

Jonathan Guilbault