Éditorial du mois Éditorial de novembre 2024 A A Faire mémoire largement Le personnage d’Ananie dans le Nouveau Testament, ça vous dit quelque chose? Non? Ne vous en faites pas, c’est bien normal. Il n’apparaît que deux fois, plutôt furtivement, dans les Actes des Apôtres, dans les deux versions du récit de la conversion de saint Paul. Rappelons les faits dans la première version (Actes 9, 10-17): Paul fait route vers Damas avec le mandat de capturer des disciples du Christ afin de les livrer aux autorités de Jérusalem. Sur la route, il aperçoit une lumière éclatante, tombe au sol et entend la voix du Seigneur. Lorsqu’il se relève, il est aveugle et ses compagnons l’amènent à Damas où il demeurera trois jours. C’est alors qu’Ananie entre en scène. Dieu lui adresse la parole, lui demandant de rencontrer Paul, puis de lui imposer les mains pour qu’il retrouve la vue. Ananie hésite, car il connaît la réputation de l’homme, mais le Seigneur le rassure. Il s’exécute donc, se rend là où loge le futur apôtre et lui impose les mains. Paul recouvre immédiatement la vue. Il est alors baptisé sur le champ, prêt à devenir le grand évangélisateur que l’on connaît. La deuxième version (22, 12-14) rapporte les mêmes événements beaucoup plus brièvement. Chose étrange: après le récit de la conversion de Paul, Ananie disparaît. Aucune autre trace de sa présence dans les évangiles, les Actes ou les lettres des Apôtres, même pas celles de Paul! Ce n’est pourtant pas n’importe qui, non? Dieu lui confie une mission qui entraînera une répercussion déterminante pour l’émergence de l’Église. En s’acquittant de cet engagement, il permet à l’apôtre des nations de retrouver la vue et, par le fait même, d’entreprendre son œuvre d’évangélisation «auprès des nations, des rois et des fils d’Israël» (Actes 9, 15). Le cas d’Ananie m’inspire une réflexion à propos de la Commémoration de tous les fidèles défunts, célébrée chaque année le 2 novembre. À cette occasion, nous avons l’habitude, et c’est de mise, de nous rappeler les êtres chers que nous avons bien connus et qui nous ont quittés. Mais nous pourrions élargir notre horizon et inclure aussi tous les «Ananie» qui sont passés dans nos vies en y laissant une trace, mais qui sont plus ou moins tombés dans l’oubli. Cela correspondrait d’ailleurs fort bien à l’esprit de la célébration du 2 novembre alors que nous faisons mémoire, rappelons-le, de tous les fidèles défunts. Jean Grou