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Éditorial du mois

Éditorial de janvier 2024

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Nos «muscles spirituels»

Quiconque entretient sérieusement une vie de prière le sait bien: le défi principal consiste à harnacher notre esprit, qui virevolte naturellement d’une pensée à l’autre. Il m’arrive de commencer un Notre Père les yeux intérieurs rivés vers le ciel et de le conclure en finissant ma liste d’épicerie.

On a généralement l’impression que notre âme, en comparaison de notre esprit, est moins frivole. Douce illusion! Il arrive si souvent que de la meilleure volonté du monde, au sortir du lit, se dissipe en cours de journée. La tempérance matinale vacille à l’heure de l’apéro. Hier, nous avons été si courageux… Pourtant, aujourd’hui, un minuscule obstacle suffit à nous barrer la route.

Voilà un constat qui devrait nous enlever le goût des résolutions de début d’année. À quoi bon se déterminer à s’améliorer d’une façon ou d’une autre, puisque l’échec est plus ou moins certain? Il serait cynique, et bien peu chrétien, de baisser ainsi les bras. Indéniablement, le défi de la constance n’a rien d’un jeu d’enfant ou d’une tâche dont on pourrait s’acquitter une fois pour toutes. Mais il est tout à fait possible de rendre nos forces plus vives et nos faiblesses moins influentes.

Car les vices et les vertus ressemblent à des muscles. Aucun entraînement ne peut nous garantir que notre corps répondra optimalement aux tâches auxquelles il sera confronté. Mais les solliciter régulièrement améliore autant leur temps de réponse que l’ampleur de leur action.

Bref, nous pouvons être à la fois lucides par rapport à notre désinvolture spirituelle et confiants que celle-ci n’est pas absolue : elle peut être atténuée par des vertus bien entraînées.

Tout le monde peut être courageux. Par ailleurs, personne ne peut garantir qu’il le sera en toutes circonstances. Mais quand il s’agit de faire face à une situation qui exige de surmonter nos peurs – de souffrir, de mourir, de déplaire, etc. –, celui ou celle qui a fait le choix d’affronter les situations angoissantes au lieu de les fuir a de meilleures chances de réussite.

Quel rapport avec la liturgie? C’est que celle-ci constitue un entraînement complet pour l’âme. Elle nous fait répéter des actes intérieurs de salut: se reconnaître pécheur, accueillir la miséricorde de Dieu, se donner la paix les uns aux autres, discerner la présence de Dieu, etc. Vivre au rythme de la liturgie ne nous assure pas que nous accomplirons la volonté de Dieu en sortant de la messe. Mais cette façon d’exister exerce des « muscles spirituels » essentiels pour qui désire aimer en vérité.

Jonathan Guilbault