Éditorial du mois Éditorial du mois de mai A A Ni gagnant ni perdant «Viens en discuter sur Facebook, on verra bien qui aura raison.» Voilà l’invitation que l’on m’a lancée récemment, à la suite d’un échange rapide sur la situation des femmes en Église. En apparence, rien de plus honnête et civilisé. Mais à y voir de plus près, ce semblant d’appel au dialogue est voué à l’échec. Tout d’abord, le lieu: les réseaux sociaux n’incitent guère à la même ouverture que le face-à-face. D’autant plus que les «amis» des deux partis risquent de se constituer en arbitres… tout sauf impartiaux. Et puis, il y a l’objectif poursuivi: avoir raison. Si la recherche de la vérité est nécessaire et admirable, l’expérience nous montre avec éclat qu’elle se dévoie rapidement en batailles de mots quand elle est menée par des gens qui cherchent à obtenir gain de cause. Rien de plus étranger à la tâche de synodalité auquel nous convie le pape François depuis plusieurs mois. Or beaucoup conçoivent, parfois inconsciemment, la synodalité comme l’exercice de la démocratie en Église. «Discutons d’un sujet, puis votons. L’Église doit changer (ou pas) selon le résultat du vote.» Non. La démocratie a ses mérites, mais aussi de fâcheuses limites: elle divise la société en camps adverses, qui fourbissent leurs armes pour remporter un scrutin. À terme, certains perdent, d’autres gagnent. C’est sans doute la forme de gouvernement la «moins pire». Mais comme Église, on peut s’offrir le luxe de bien mieux: cheminer ensemble. Ce qui implique de fournir un véritable effort pour saisir la part de vérité qui s’exprime (peut-être maladroitement) dans la position de l’autre. L’objectif est de faire Corps. Et dans un corps, il n’y a pas de membres gagnants ni de membres perdants. La liturgie est une formidable école de synodalité. Notre prière personnelle, aussi empotée soit-elle, s’y trouve incorporée dans une louange plus vaste. La liturgie nous rassemble dans la «bonne foi». Il en va de même du pèlerinage, surtout lorsqu’il est vécu en groupe. On s’adapte au rythme des autres. On prend parfois des chemins différents, mais pour se retrouver le soir afin de témoigner de la manière dont Dieu s’est révélé au cours de la journée. Ce n’est pas une course: nul gagnant, nul perdant. Seulement des croyants et croyantes qui ont quitté le confort de leur maison, de leurs certitudes. En ce mois de mai, Prions part justement en pèlerinage à Lourdes, Compostelle et Fatima. Vous ne pouvez pas tous et toutes y être de corps, mais vous pouvez nous soutenir dans la prière. Nous serons les pieds, vous serez tout le reste. Jonathan Guilbault